Au Nom de la Loi

♫Nathan contre Vargo

♫Au nom de la Loi

Marine : Ça y est, je sais ! (elle fait un petit geste joyeux de la main ; le Milicien tire, mais ce sont des bulles de savon qui sortent de l’arme). Ça marche !

Vargo: Vous ne m’aurez pas avec vos tours de passe-passe. Pas moi. (désignant le Milicien) Cet abruti nourri de superstitions archaïques, peut-être, mais pas moi. Ce pays va changer, croyez-moi. (à Hugo): Finalement, le dernier avertissement, c’était tout à l’heure. Tu m’encombres. (il tire, Hugo s’écroule.)

Marine: Hugo ! Ne meurs pas ! Nous te ramènerons avec nous !

Vargo: Vous voyez: mon arme marche toujours. (Il tire sur Van Haart) : Enrayé. (Au Milicien) : Passe-moi la tienne. (Il tire à nouveau ; rien). (A Van Haart) Bon, admettons, il y a ici quelque chose qui vous protège. Mais de toute façon, je n’ai pas besoin d’arme. Vous voyez cet uniforme? Il me va mal, mais c’est l’uniforme du Connétable. J’ai été élu par le Raat. D’accord, il a fallu faire sauter quelques orteils pour ça, mais ils m’ont légalement élu. Vous me devez obéissance, c’est la Loi et vous le savez. Suivez-moi.

Van Haart hésite, puis, la tête basse, commence à se diriger vers Vargo. Musique. Nathan, furieux, se jette sur Vargo. Combat mimé.

Van Haart: Il a raison, Nathan. Je suis coincé. J’ai servi la Loi toute ma vie. Elle a protégé les faibles de ce pays, elle nous protégé de nous-même depuis des siècles. Derrière les Connétables, c’est elle qui a gouverné Weissland. Je dois la suivre. Ce n’est pas lui que je suivrai.

Nathan, furieux: Je connais le Weissland que j’aime, que vous aimez, que nous pourrions sauver.  Je connais la Loi que cet homme mettra en place. Des grilles, des prisons, des bourreaux, des camps. Au nom de la Loi. Me direz-vous encore la même chose alors? « Au nom de la Loi »?

Qui peut me dire ce qu’écrit la fumée des autodafés,       

De ces feuillets mis à l’index qui se consument au pied des bûchers?

Ce qui est gravé au burin au frontispice de granit noir

Du temple sobre et inhumain où se consume chaque jour l’espoir?

              « Au nom de la Loi »!

 

Et que dit ce juge en perruque, en habit rouge et souliers noirs

Que note ce greffier blasé, rond-de-cuir s’appliquant sur ses buvards?

Quelle est la formule rituelle qui clôt le procès des amants?

Comment enterre-t-on le scandale, que grave-t-on sur leur dalle, murés vivants?

              « Au nom de la Loi »!

 

Quels sont les derniers mots qu’entend le condamné sur ses tréteaux

Quand les bois de justice se dressent, qu’au matin se dessine l’échafaud?

Qu’est-ce qui étouffe dans les gorges les cris de haine et de dégoût?

Qu’est-ce qui justifie la bassesse, dis-moi enfin quel est le cri des loups?

              « Au nom de la Loi »!

 

Mais il faut pourtant qu’on se dresse, un homme quelque part est debout

Qui se relève et gueule et hurle qu’il se foutra de ça jusqu’au bout,

              Du nom de la Loi!