Nathan et Sylvia s’endorment. Marine et Van Haart veillent auprès du feu, plongés dans leurs pensées. Ils se jettent de petits coups d’œil, vaguement gênés. Un temps. Marine: Je suis si heureuse pour Nathan et Sylvia ! Mais je ne suis pas satisfaite pour autant, Connétable. Il y a un autre secret, je le sais, un secret qui peut nous sauver tous. Quelque chose doit se passer ici, cette nuit. Mais quoi ? Vous devez me le dire. C’est pour cela que je suis ici. Musique. Van Haart : Un jour... j’avais dix ans, douze? mon père m’a emmené au large, sur son plus grand navire. Nous croisions les icebergs, et nous remontions toujours plus au nord... C’était beau, tu sais, cette fuite loin du soleil. Mon père disait: Nous avons tous rendez-vous avec la nuit. Mieux vaut s’y préparer. N’aie pas peur de la nuit, mon garçon. La nuit est l’amie de Weissland. Et comme je demandais pourquoi, il éclatait de rire et disait: les rêves viennent la nuit. A Kelno et dans les grandes villes du Sud, ce ne sont que des enfants rêves, à peine plus forts qu’en Europe. Sans un Elno pour nous aider, nous ne les sentirions même pas. Mais dans la grande nuit du nord vivent les vrais grands rêves, qui eux ne se laissent pas oublier. Ce sont les gardiens de Weissland. Nous, les marins, nous les connaissons bien. Voilà pourquoi nos navires blancs passent, là où les autres font naufrage. (la musique se termine) A la fin de ce voyage, alors que nous repartions vent arrière vers le sud, il me prit à part pour me dire: Fils, un jour tu auras un autre rendez-vous avec la nuit, comme ça nous arrive à tous. Ce jour là, souviens-toi que les rêves sont nos amis. Tu retourneras dans les glaces, prés de Hörn - là où tu es né, là ou ta mère est morte. Tu y attendras l’aurore boréale qui donne sa force au Rêve. Regarde
ce tumulus sous la neige, Marine. Ce n’est pas une congère : c’est la tombe
de ma mère. Je suis né ici, sous les étoiles, alors que mon père tentait
d’atteindre Hörn en traîneau. Ce soir, j’attends mon rêve. |
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