L’ombre se dissipe |
Nathan se lance vers Vargo, furieux. Ce dernier se lance à son tour sur lui. Ils seront arrêtés comme par une force invisible, en plein élan. Seul Van Haart et Van Haart bis bougeront durant le début de la scène. Puis Marine et Vargo, progressivement, se rapprocheront du couple.
Van Haart: Nathan a raison. Il a raison depuis le début. Oh mon Dieu, pour quoi ai-je vécu alors? Van Haart bis: Pour ton pays, Elno. Tu as renoncé aux grands navires blancs de ton père parce que les villes étaient détruites. Tu as tout reconstruit. Van Haart: Oui, et pour cela j’ai instauré un ordre de fer. Il fallait leur donner un but, une volonté unique. J’ai incarné la Loi, pendant vingt-cinq ans. Je leur ai demandé tout ce qu’ils pouvaient donner pour reconstruire ce pays. Parfois plus. Ceux qui résistaient, et ceux qui cédaient, je ne pouvais pas m’en embarrasser. Van Haart bis: Je me souviens. Van Haart: Je croyais que ma Loi était juste, au fond. Je pensais que pour un innocent emprisonné ou pire, j’en sauvais cent. Je le croyais vraiment, tu sais? Vargo, doucement: Vous voyez. Vous êtes comme moi, au fond. Vous composez avec, c’est tout. Marine, doucement: Tu n’es pas comme lui, Elno, pas du tout. Souviens-toi, le soir de la Saint-Jean... Vargo: La Loi et l’ordre, voilà ce que vous voulez. Venez. Marine: Tu voulais comprendre, Elno. Souviens-toi. C’est pour ça que tu nous as fait venir. Nous, les rebelles, tu ne nous a pas envoyé en prison. Tu voulais savoir qui nous étions. Vargo: Foutaises! Tu voulais comprendre comment t’en débarrasser, Van Haart. |
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Marine: Non. Tu voulais nous sauver, tu voulais te sauver, toi. N’est-ce pas? Van Haart bis: C’est cela qu’il voulait. Van Haart: C’est cela que je voulais. J’en avais assez, assez de cette hypocrisie, assez de ce poids, assez de ces souffrances. C’est moi qui vous ai fait naître, Vargo, toi et tes milices. Vous n’êtes qu’une terrible erreur de ma part. Un cauchemar créé par moi. C’est pour cela que je ne pouvais pas vous combattre. Mais c’est fini, à présent. Tu n’as plus de substance, plus de pouvoir. Regarde. (Il fait un geste de la main. Vargo recule, comme sous le coup d’un choc). Je n’aurai plus jamais besoin de tuer, d’emprisonner. Même pas toi. Tu n’es qu’une ombre qui se dissipe au matin. |