De voyage

 

San Francisco – Vancouver, UA1848

 

Rivières de diamants sur la baie

Colliers nacrés des routes

Pentacles dorés posés sur la soie rugueuse et brune du sol

Eclairés du dessous par une lumière vulcanienne

Le soleil en contrepoint se couche

Ville, tu es belle et vivante.

 

Velours profond, spectre limpide

Réponse à nulle question donnée

Etat de fait et promesse pure

Evidence étoilée qui n’a pas besoin de spectateur

Axiome qui se suffit à lui-même

Nuit, tu es belle et d’éternité.

 

L’avion même ne nous appartient plus.

Il se possède par sa forme.

Son fuselage existe à présent depuis toujours.

L’acte de sa création s’est gravé au fil de ses ailes,

Et n’en sera plus dissocié.

 

Qui a besoin de nos regards ?

Qui a besoin de nos mains ?

 

Aimons-nous les uns les autres. 

L’univers, lui, n’a besoin de rien.

 

 

 

Turning Darkness into Light

 

La légende à présent n’est plus qu’un imparfait.

Les Elfes de jadis ont dû quitter leur lande :

Comme un clou enfoncé dans le bois vert d’Irlande

L’Homme a marqué son sol – c’est ainsi qu’il est fait.

 

Les moines conquérants ont porté la Lumière,

Chassant l’ombre où vivaient Lutins et Farfadets ;

Les aînés défrichaient les forêts – les cadets

S’exilaient l’âme sombre et rentraient l’âme fière.

 

Passion, orgueil et Dieu – que de guerre et de cris !

Combien de sang versé irriguant les reliques,

Combien de sang versé pour chaque mot écrit…

 

Cependant que du fond d’un temps resté secret

Nous parlent sans un mot les runes gaëliques :

Et leur chant silencieux est un chant de regret.

 

 

Tamerza

 

J’ai traverse la mer où l’Histoire commence,

Porté vers le désert par un oiseau de nuit.

J’ai traversé le sable où l’Histoire finit,

Et trouvé un village avec un ciel immense.

 

Tamerza! Accrochée au flanc de la montagne

Qui porte, à ce qu’on dit, la Terre sur son dos,

Improbable oasis, tu offres tes points d’eau

Dans l’écrin des palmiers à ceux qui te regagnent.

 

Je ne parlerai pas ici des dromadaires,

Des beautés vendues en circuit hebdomadaire

A ceux qui en voient trop et dés lors ne voient plus ;

 

Mais d’un air à la flûte et de ton chemin rude,

Mais du guide qui fait aimer ta solitude :

Salaam aleikum – amis, je vous salue.