Lire encore et d’hier – savourer
chaque page
Comme un bonheur surgi de passés oubliés
Que l’on trouve en fouillant le grenier,
relié
D’un vieux cuir et couvert de dorures
sans âge ;
Lire encore et demain – ouvrir chaque
feuillet
Comme on cueille le jour, comme on
croque une pomme,
Avide et enfantin – lire encor !
Lire comme
On prendrait la marée si la mer
s’éveillait !
Lire encore et d’amour – pour chaque mot
qui dure,
Semé au fond du cœur par d’invisible
socs,
Chevillé à notre âme, charpenté à nos
murs ;
Lire encore et de joie, quand la phrase
caresse
En un souffle nos vies et fait fondre
nos rocs
Et nous redonne à soi – lire encore, et
d’ivresse !
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Chemin
de Velours
Que j’aime
parcourir le chemin de
velours !
C’est un
plaisir de roi, sans délier sa bourse :
En frôler les
buissons, en découvrir la source ;
Y respirer le
musc et l’ambre aux parfums lourds.
On n’y pénètre
pas en soudard : on l’empreinte;
Ce n’est pas
une route pour pas cadencé,
Mais un sentier
subtil aux courbes enlacées
Que l’on doit
caresser en une douce étreinte.
Tout ici est
offert, mais rien n’y est acquis:
Si l’on est
trop pressé, trop brutal ou balourd,
Le chemin se
referme et se perd en maquis ;
Il faut prendre
son temps pour y flâner, radieux,
Gamin joueur,
poète à la langue des dieux :
Alors s’ouvre
pour vous le chemin de velours.
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