Marins

 

 

Vent Debout

 

Je suis venu ici poussé par une envie...

De m’enfuir? Oh non pas - plutôt de retrouver

Un peu de vrai silence, et laisser dériver

Librement cet esquif qui me tient lieu de vie.

 

Sentir le friselis de ces vents dans mes toiles

En m’offrant la douceur de n’y résister point;

Ne pas sortir les cartes, ignorer cap et point,

Et pour mon plaisir seul regarder les étoiles.

 

Ne crains rien, ô ma vie, car je connais les signes:

Ma main te guidera - mais vers quel horizon?

Je l’ignore alors même que j’écris ces lignes....

 

Je l’ignore, c’est vrai - mais après tout qu’importe?

Mon regard et ma voix et le vent qui m’emporte

Iront trouver pour tous un lieu de guérison.

 

 

Retrouvailles

 

Je vois la mer comme on la voit

Le mieux: d’abord comme une absence,

Une altération des distances,

Un frissonnement dans la voix.

 

Montant par degrés de la grève,

Encore une fois cette ligne!

Comme sur la soie font les signes

Elle a porté le sens des rêves,

 

Ecarté un peu du réel.

Là, je m’assieds, tournant au ciel

Un regard bleui par l’instant ;

 

Et comme toujours je revis

Fondu dans ce décor lavis

Pour un grain de sable de temps.