Rue de la Gare

 

Ca fait déjà longtemps qu’il ne lui parle plus

Ca fait déjà longtemps qu’elle ne l’écoute plus

Quand elle veille le soir quand il est assoupi

Parfois elle se demande s’il est encore en vie

Qu’est-ce qui nous tient en vie

 

Elle se lève matin, nettoie en soupirant

Un vieux reste d’écume sur le verre à dents

Il se néglige un peu ces temps-ci / Ses gestes sont vides

Un billard le matin des ragots insipides au café

Elle fait le marché ne va plus au jardin

Elle fait la cuisine elle a encore la main

Ses gestes sont plus calmes elle lit quelquefois

Des romans à deux sous des lettres d’autrefois

Qu’est-ce qui nous tient en vie

Lui bine encore un peu et va au terminus

D’où partent encore les trains que lui ne prendra plus

Ca lui fait un peu honte de regretter parfois

Le temps de la machine où il était un roi

 

Un voyage raté sur la riviera Corse

Un enfant jamais né des espérances mortes

Des baisers clandestins /  des regards échangés

Un soir de carnaval / un soir de mai / avec un autre/

Sur le quai lointain d’une gare banale

 

Mais le soir quand le sommeil les prend

Ils se tiennent la main comme deux enfants perdus

 

Elle en crève de savoir qu’un jour il tombera

Qu’elle restera toute seule et elle le hait pour ça

Lui ne comprend pas bien pourquoi il craint le bruit

Et pourquoi il a peur des jeunes et de la nuit

Il/Elle a peur qu’on lui prenne le temps qu’il lui reste

Il est avare de mots elle mesure ses geste

Ca lui fait un peu honte de regretter parfois

Le temps de la machine où il était son roi

 

Alors ils vont se coucher dans le grand lit blanc

Où seul le sommeil les étreint depuis longtemps

Leurs cœurs sont fermés clos fermés à double tour

Mais leurs rêves se touchent mais leurs rêves font l’amour

Et le soir elle écoute tout bas

Ce fantôme de voix

Qui dit je t’aime encore

Je t’aime encore

Qu’est-ce qui nous tient en vie

Je t’aime encore