Piano

Pardon, mon vieux Rameau de 108 ans que j’ai dû faire euthanasier. Désolé, mon cher Yamaha si peu accordé, si mal joué...

(mais c’est pas une raison pour me tromper comme ça avec Jean-Marc. Un peu de décence, merde !) 

 

Entré par hasard dans la pièce

Où tu vieillis, où tu t’affaisses

Depuis longtemps

Sous une couche de poussière

Et recouvert d’un velours vert

Ton vieux clavier m’appelait

J’ai chanté doucement la ballade

Des vieux amants en rade

Des vieux cœurs démodés

J’avais peur de déranger les ombres

Posées sur ton bois sombre

En m’asseyant devant et en jouant

 

Un air qui t’entraîne, tendre et fort

Réveillant tes accords

Mais à quoi tu rêves quand tu dors

Les rois du swing sont morts

 

 

Je t’ai pensé une scène

Dans une cave du Cinquième

Et un saxo

Un chanteur à la vois traînante

La cigarette encore fumante

Le verre posé sur ton dos

La batterie qui halète et qui claque

Et se mirant dans ta laque

Le chapeau de travers

L’inconnu qui seul savait te plaire

Bien mieux que je ne peux le faire

En s’asseyant devant et en jouant

 

Cet air qui t’entraîne...

 

 

Il faut bientôt que je te quitte

Je m’en retourne à l’électrique

Et loin de toi

Je te laisse peupler tes songes

De noires et blanches en doux mensonges

Rêver en paix ton passé

Je t’en prie pardonne moi si j’ose

Te demander quelque chose

Le droit de revenir

J’entrerai doucement dans ton rêve

Pour un instant pour une trêve

En m’asseyant devant et en jouant

 

Cet air qui t’entraîne...