La Voix

 

D’abord

La voix tâtonne

Les yeux fermés encore

Sonde l’écho du monde de l’espace et des murs

Du corps aussi, surtout

Saura-t-il la porter

Sauront-ils en vibrer

Et qui saura l’entendre

 

Et puis

Encore timide

La voix choisit sa course

Hésitante pourtant elle creuse déjà

Sous chacun de ses pas le sillon qui la guide

Renforce en chaque mot

Son geste en devenir

 

Alors

La voix s’élève

Et comme un poing fermé

Sa douleur qui guérit sa chaleur qui incise

A chaque coup d’archet d’une course précise

La voix touche à son but

Elle frappe où il faut

Parfois

La voix se brise

Sur des rocs de refus

Sous tant d’amour perdu et qui remonte au cœur

Pour s’être ainsi taillé le  cristal est fragile

La voix alors est lasse

Ses chants se font si lourds

 

Plus tard

La voix rebelle

La voix qui veut encore

Lancera chaque cri d’avantage et plus loin

Plus loin plus haut plus fort

La voix qui nous veut libres

 

Si une main l’attend

Au refuge du port

Où veille le silence

Et où la voix s’endort